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chezfrisette

  • Avis tout en bémol sur le dernier Goncourt

    Syngué Sabour – Pierre de patience de Atiq Rahimi

    Une femme prend soin de son mari qui est plongé dans le coma. Comme son état ne s’améliore pas, leur quasi solitude durera plusieurs semaines. Elle vit au rythme des petits changements et, petit à petit, elle finira par se confier comme s’ils étaient côte à côte, comme jamais elle n’a pu le faire quand il était conscient. Son époux deviendra donc sa pierre de patience, qui selon la croyance afghane, est une pierre magique à laquelle on se confie, qui absorbe nos peines jusqu’à en éclater et qui nous délivre du malheur à ce moment.

    Ayant lu et littéralement adoré Terre et cendres du même auteur, j’avais vraiment très hâte et très envie de lire Syngué sabour. Et depuis qu’il s’était mérité le prix Goncourt, j’étais encore plus tentée. C’est donc avec beaucoup d’attentes et d’espoir que j’ai commencé ce roman. Malheureusement, je n’y ai pas retrouvé ce qui m’avait charmée dans Terre et cendres : la concision et la force d’évocation des odeurs et de la poussière de sa terre natale.

    Dans Syngué sabour, j’ai trouvé le début très lent et répétitif, ce qui est un gros problème pour un roman aussi court. Contrairement à d’autres qui ont adoré le monologue de l’épouse, de mon côté j’ai trouvé ses propos décousus et je n’ai pas ressenti, ou si peu, son émotion, sa douleur, son désespoir…

    Par contre, certains aspects du roman m’ont plu. J’ai aimé découvrir la symbolique de la pierre de patience. Ces petites touches qui nous permettent de toucher à d’autres cultures me plaisent toujours. J’ai aussi apprécié le message du roman qui vise à dénoncer l’injustice et la cruauté qui sont le quotidien des femmes afghanes, sans monter aux barricades. Bien souvent, un message exprimé subtilement passe beaucoup mieux qu’un propos agressif et revendicateur. Mais attention, je ne veux pas dire pour autant qu’on doive cesser de lutter pour obtenir des conditions de vie décentes pour toutes ces femmes qui vivent dans l’oppression.

    En résumé, même si j’adhère complètement au propos du roman, la forme ne m’a pas beaucoup accrochée. C’est dommage car j’aurais tellement voulu que ça soit le cas.

    3.5/5

    POL, août 2008, 155 pages

    Ce roman a remporté le prix Goncourt 2008

  • Que de questions!

    La gueule du loup de Nadia Gosselin

    La gueule du loup, c’est un roman que j’ai découvert grâce à Cuné une lectrice du blog de mariage Mlle Dentelle qui avait du mal à le trouver en France et qui m’a proposé un petit échange, comme ceux que nous avons déjà fait souvent (j'ai d'ailleurs reçu plein de belles surprises dont je vous parlerai bientôt!). En bonne « copine-net », je me suis dévouée et me suis rendue dans « l’antre de toutes les tentations ». Évidemment, dès mon retour à la maison, je n’ai pu m’empêcher de feuilleter l’objet de sa convoitise et comme ledit roman me semblait tentant, je l’ai lu en vitesse avant de lui envoyer. Pour la grande vitesse de lecture, je n’ai pas eu à faire de gros efforts car c’est un roman qui m’a beaucoup plu, tout en me déroutant… Bon, trêve de blabla, je vais vous épargner le long monologue sur ma vie quotidienne et plutôt vous parler du livre.

    La quatrième de couverture m’avait donné l’impression d’un roman un peu chick-lit. Première grosse surprise, il n’en est absolument rien! Mais je ne vous dirai pas ce que c’est réellement de peur de gâcher votre plaisir de découverte. En résumé, c’est l’histoire Loulou et Edy qui se sont connus via Internet. Lui habite en Belgique et elle le Québec. Ils ont une différence d’âge de près de 30 ans mais après des mois d’échanges et d’appels téléphoniques, ils se sentent si près l’un de l’autre que Loulou traverse l’océan pour aller retrouver son âme sœur pendant deux semaines. Mais, dès le premier regard à l’aéroport, son rêve s’effondre, jamais elle ne pourra être amoureuse de ce vieillard. Comble de malchance, comme c’est Edy qui a payé son billet d’avion, elle ne se sent pas le courage de repartir immédiatement. Quant à la suite, je ne peux que vous conseiller de la découvrir sous la plume de Nadia Gosselin.

    Dès que la mise en place de l’intrigue s’est achevée, je n’ai pu m’empêcher d’être déstabilisée, secouée, intriguée et ébranlée par ma lecture. De façon très habile, l’auteure nous pousse dans nos retranchements et il est impossible de ne pas comparer la vision et la conception de l’amour de ses personnages avec la nôtre. On ne peut s’empêcher de se questionner. L’amour n’est-il pas plus qu’une question d’apparence ? Ne peut-on pas éviter le poids du regard des autres? Dans quelle mesure notre regard idéalise-t-il l’autre? L’auteure aborde aussi un thème qu’on ne voit pas très fréquemment dans les romans et qui pourtant prend de plus en plus d’ampleur : les relations amoureuses par Internet. Qui n’a jamais entendu d’histoires d’horreur à ce sujet? Qui ne s’est jamais raconté d’histoires en amour, en idéalisant l’autre. N’est-il pas encore plus facile de tomber dans ce piège d’idéalisation quand la seule image qu’on a de l’autre est ce qu’il a bien voulu nous laisser découvrir dans une correspondance enflammée? Internet amplifie-t-il l’effet « tout nouveau tout beau » si fréquent au début d’une relation amoureuse? Tout au long de ma lecture, je me suis questionnée, je me suis demandée si ce en quoi je croyais n’était pas que du vent ou de beaux sentiments?

    C’est un roman qui offre définitivement beaucoup plus que ce qu’il laisse paraître à première vue. Je vous invite à le découvrir !

    4/5

    Guy St-Jean éditeur, août 2008, 162 pages.

  • Chaque quête a un prix...

    Eldorado de Laurent Gaudé

    Dans le passé, écrits par Laurent Gaudé, j’ai lu Le soleil des Scorta et La mort du roi Tsongor et j’avais adoré. Je ne sais pourquoi mais la plume de cet auteur vient me chercher et, peu importe l’univers, elle me transporte. Cette fois, ce fut encore une fois le cas et je prédis déjà que ce n’était pas le dernier titre de M. Gaudé que je lisais!

    En gros, l’histoire pourrait être résumée comme suit… Un commandant de navire qui patrouille les côtes italiennes à la recherche d’immigrants clandestins depuis plus de vingt ans voit sa vie chamboulée lorsqu’une survivante d’un des bateaux qu’il a interceptés lui raconte son histoire. Il se met alors à douter de l’utilité de sa vie et décide d’entreprendre un long voyage, une quête. Son histoire s’intercale avec celle d’un soudanais qui quitte tout dans l’espoir de gagner l’Europe, et une vie meilleure avec un trefle 4 feuilles porte bonheur.

    En lisant ce récit, j’ai été touchée par le désespoir de ces gens qui quittent tout, utilisent toutes leurs économies et trop souvent, risquent leur vie en espérant une vie meilleure. Pas extraordinaire, juste meilleure et vivable. Ce roman m’a permis de réaliser tout le courage qu’il faut à ces gens pour se lancer ainsi sur les routes, sans vraiment savoir ce qui les attend au bout du chemin. Mais surtout, j’ai trouvé que l’auteur avait choisi le ton qu’il fallait. Je n’ai pas pu m’empêcher d’être émue par le destin de ces hommes et de ces femmes qui cherchent leur « eldorado ».

    Ce roman est d’actualité, peu importe le moment où on le lit, l’endroit où on vit car, un meilleur destin, tout le monde en rêve.

    4/5

    Actes Sud, août 2006, 237 pages.